Femmes voyageuses solitaires, on se comprend.
Il vaut mieux prendre ses précautions avant de partir en quête de nouvelles aventures.
En ce qui concerne le Kirghizistan, je vous réponds tout de suite : non, il n’est pas plus dangereux qu’autre part de voyager en tant que femme seule au Kirghizistan.
Comme partout, il faut être prudente. Mais le Kirghizistan ne m’a pas paru être un pays où la femme devait se sentir particulièrement en insécurité (pas plus qu’ailleurs).
Je vous partage mon ressenti subjectif dans un petit récit de voyage, avant de vous donner, à la fin de cet article, quelques conseils pour voyager seule au Kirghizstan.
Voyage au Kirghizistan en tant que femme seule : faut-il craindre pour sa sécurité ? Personnellement, en tant que voyageuse solitaire, je me suis sentie en sécurité au Kirghizistan. Bien entendu, quelques précautions sont toujours les bienvenues, mais de manière générale, les dangers sont limités.
Scotchée à la fenêtre du taxi partagé qui m’emmenait de Bishkek à Arslanbob, trajet de 8-10h (direction Osh) qui se réalise uniquement en voiture, compte tenu des spirales typiques des routes de montagne, j’amusais le conducteur de mon excitation presque enfantine.
“À quoi peuvent bien lui servir les centaines de vidéos qu’elle a prises depuis le début du trajet?” devait-il sûrement se demander. À rien – les vidéos maladroites des paysages changeants à grande vitesse (d’une part, dû à la diversité des montagnes kirghizes, d’autre part, à cause de la conduite extrémale du gentil monsieur d’une cinquantaine d’année) ne m’ont bien entendu jamais servies.
Je ne voulais surtout pas oublier cette route. Serrée dans un minivan, majoritairement entourée d’hommes, je m’étonnais de la beauté sauvage de la terre kirghize.
Mais même la jeune voyageuse solitaire assoiffée de nouvelles expériences que je suis a fini par succomber à la longueur du trajet, et avec l’arrivée du crépuscule, mes yeux ont commencé à se fermer, ma tête à chercher le support de la vitre.
“Réveillez-la, elle rate la plus belle partie du chemin!” s’exclame soudain le taxiste, et je me redresse d’un bond.
Notre minivan silencieux (les passagers se parlaient peu) entreprenait justement une descente, et depuis les hauteurs, s'ouvraient à nous les eaux du réservoir Toktogul, particulièrement mystérieux sous les lueurs de la pleine lune, déjà bien haut dans le ciel.
Je ressentis de la reconnaissance pour cet homme qui ne m’avait d’abord pas inspiré beaucoup de confiance, ce matin, lorsque je cherchais un conducteur près du bazaar Osh de Bishkek.
On ne se connaissait pas, on ne s’était pas vraiment parlés, mais il m’avait comprise. Il a su que je n’aurais pas voulu rater cette vue.
Je me suis soudain sentie à l’aise dans ce minivan. La menace naturelle que ressent une femme entourée d’hommes inconnus a été remplacée par un sentiment de protection.
À Sovetskoye, je devais changer de voiture pour prendre le tournant vers Arslanbob, ma destination. Cette unique interaction avec le chauffeur a rendu nos aurevoirs chaleureux.
Il m’explique comment attraper une voiture vers le village, et va jusqu’à trouver un passant, auquel il confie la tâche de m’assurer un conducteur honnête.
Le passant fortuit, un jeune homme, s’exécute avec soin, refusant deux-trois chauffeurs qu’il considère “trop chers”, jusqu’à me trouver une navette idéale.
Étonnée du temps qu’il me consacre, je lui pose une question que je considère désormais, avec du recul, un peu offensante: “vous m’aidez juste comme ça, gratuitement?”
– “Oui”
– “Comment vous appelez-vous?”
– “Misha.” Il me donne un nom russe, probablement pour me faciliter la prononciation.
– “Misha ? Vous n’avez pas un nom kirghize ?”
– “Meimanbek,” me répond-il en souriant. Je lui sourie en retour.
– “Merci, Meimanbek.”
Presque arrivée à destination après une longue journée sur la route, je réfléchis à la position de femme voyageant seule. Il était probablement risqué de partager une voiture avec tous ces hommes – c’est la présence d’une vieille dame au fond du véhicule qui m’avait convaincu de monter à bord de la navette.
En tant que femme voyageant seule, j’avais probablement eu raison de me tenir discrète, de ne pas m’engager dans des conversations, de ne pas raconter d’où je viens, ce que je fais. Cependant, je suis ressortie de cette expérience avec le souvenir que, loin de la maison, sur une terre inconnue, le père de quelqu’un a gentiment pris soin de moi.
Comme promis, après un petit extrait de voyage, je vous partage mes conseils pratique pour vous assurer que votre voyage au Kirghizistan en tant que femme se passe du mieux possible.
Le Kirghizistan est avant tout un pays musulman, et donc les femmes s’habillent de manière assez humble de manière générale.
Ce qui ne veut pas dire que vous devez porter le voile ou des robes jusqu’aux chevilles, comme la plupart des filles locales. Vous êtes tout à fait libre de vous habiller comme bon vous semble (on se comprend) au Kirghizistan, surtout avec votre statut de femme occidentale.
Vous remarquerez une différence vestimentaire entre, par exemple, Bishkek et Osh. La capitale, plus moderne, sous-entend une ouverture plus grande aux tenues plus dénudées. Osh, et les autres villes plus petites du sud, est plus conservatrice. Certaines femmes y portent même la burqa.
Mais, une fois de plus, personne ne portera grande attention à la manière dont s’habillent les touristes.
Le Kirghizistan n’est clairement pas un pays où le catcall ou le harcèlement de rue se rencontre fréquemment. Vous vous sentirez certainement à l’aise dans les villes kirghizes, surtout à Bishkek.
Néanmoins, il est tout à fait possible que quelqu’un essaye de flirter avec vous, de manière plus ou moins insistante. Ne montez jamais dans une voiture qui ne vous inspire pas confiance, ne suivez jamais un homme qui vous appelle quelque part. Ce sont des règles de sécurité de base.
N’oubliez pas : si quelque chose vous rend mal à l’aise, il doit y avoir une raison. Fiez-vous à votre instinct.
N’ayez jamais peur de crier, de demander l’aide de passants.
Personnellement, j’ai déjà fait face à des situations où des hommes étaient beaucoup trop insistants et dépassaient les limites de la relation dans laquelle nous étions (taxiste-client, vendeur-acheteur, etc.). Il m’a suffit de les remettre à leur place pour qu’ils comprennent que ce n’était pas possible et perdent intérêt.
Bien sûr, comme partout ailleurs, il est préférable de prendre trop de précautions plutôt que de ne pas en prendre assez.
Voici quelques conseils de sécurité à garder à l'esprit, en particulier si c'est votre première aventure en solitaire :